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Comment se protéger de la hausse des taux d’intérêt ?

La hausse des taux d’intérêt amorcée en juin 2017 au Canada va vraisemblablement se poursuivre cette année. Voire s’accélérer. Les conséquences sur l’épargne-retraite seront sans doute importantes. Les obligations perdront de leur valeur. Comment vous protéger ? Mais aussi, comment maximiser votre rendement ? Des experts répondent à ces questions.

La mécanique des obligations

Imaginez que vous détenez une obligation du gouvernement du Québec rapportant 2 % d’intérêt et venant à échéance dans 5 ans, achetée à 100 $, soit sa valeur nominale. Soudainement, vous apprenez que le gouvernement offre de nouvelles obligations de 5 ans, mais qui rapporteront 3 %. Vous aimeriez certainement remplacer vos obligations par les nouvelles. Mais il est clair que vous ne pourrez pas vendre vos obligations à un prix de 100 $. Vous devrez les vendre à un prix inférieur, afin de compenser pour le taux d’intérêt plus bas. C’est la mécanique des obligations : quand les taux montent, les prix baissent. Et la valeur de votre portefeuille également.

L’ampleur de la hausse

On a vraiment senti l’effet de la hausse des taux d’intérêt sur les prix des obligations depuis le mois de juin, explique Marie-Josée Turcotte, conseillère en gestion de patrimoine, BMO Nesbitt Burns. Par exemple, le taux de rendement des obligations de 5 ans du gouvernement du Canada est passé de 0,95 % en juin à 1,90 % à la fin de l’année, ce qui a fait baisser le prix de l’obligation d’environ 5 $. Quant aux obligations de 10 ans, le taux est passé de 1,4 % en juin à 2,2 % à la fin de décembre. L’incidence sur le prix a été d’environ 6,50 $.

Réduire le terme

La baisse du prix des obligations occasionnera une perte si vous devez vendre certaines de vos obligations avant l’échéance. Comment alors se protéger contre cette baisse du prix des obligations ? « En diminuant la durée de votre portefeuille d’obligations en investissant dans des obligations de plus courtes échéances », nous dit Sophie Paquet, gestionnaire de portefeuilles, Financière Banque Nationale. Les répercussions d’une hausse de taux sur le prix des obligations sont d’autant plus grandes que l’échéance du titre est longue. Ainsi, ceux qui tiennent à protéger la valeur du portefeuille ont intérêt à détenir des obligations de plus courtes échéances. Pour cela, ils devront toutefois sacrifier un peu de rendement.

Pour profiter des hausses de taux

Une bonne façon de profiter de la hausse éventuelle des taux d’intérêt est de se constituer une échelle d’échéances, explique Marie-Josée Turcotte. Par exemple, on peut répartir son capital de façon égale dans cinq tranches d’échéance, la première étant dans un an, la deuxième, dans deux ans, et ainsi de suite jusqu’à cinq ans. Lorsque, dans un an, la première tranche viendra à échéance, le capital sera réinvesti dans un nouveau titre de cinq ans. On répétera la même opération chaque fois qu’une tranche viendra à échéance. « Cette stratégie permet de pouvoir constamment réinvestir au taux du marché et ainsi profiter de la hausse des taux d’intérêt », dit Mme Turcotte.

Diversifier votre portefeuille

Pour maximiser le rendement tout en se protégeant d’une hausse de taux, les obligations de gouvernement peuvent être remplacées en partie par d’autres titres, explique Sophie Paquet. Entre autres, par des actions privilégiées dont le taux d’intérêt est réajusté chaque année en fonction de l’évolution du taux de rendement des obligations du gouvernement du Canada de 5 ans. « Cette classe d’actifs a bien fait l’an dernier alors que les taux d’intérêt montaient », dit Mme Paquet. On peut aussi se tourner vers les obligations de sociétés de bonne qualité, principalement celles de court terme. Elles sont plus risquées, mais un taux de rendement plus élevé compense en partie pour ce risque.

Fonds communs ou obligations

Malgré les frais qui grugent le rendement, les fonds communs d’obligations sont-ils un bon choix lorsque les taux d’intérêt sont bas et tendent à monter ? Il y a de bonnes raisons pour utiliser les fonds communs, croit Sophie Paquet. D’abord, les gestionnaires de fonds d’obligations ont pour la plupart accès aux marchés internationaux où ils trouvent des titres pouvant offrir un meilleur rendement. De plus, ces gestionnaires ont accès aux meilleures obligations sur le marché primaire, car c’est à eux que les émetteurs s’adressent en premier lieu pour écouler les nouvelles émissions. Enfin, il existe des fonds d’obligations couverts pour la devise qui permettent un accès aux marchés étrangers sans risque de devise.

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